Aguarika

Histoire du canyoning en Sierra de Guara

Le Sierra de Guara est le véritable berceau de l'activité canyoning.

Les canyons ont longtemps inspiré crainte et respect. Une sorte de peur collective face à ces gorges inconnues, souvent auréolées de mystères et de légendes. Malgré cela les hommes se sont de tout temps aventurés sur les rives des canyons de la Sierra de Guara, en témoignent les nombreux vestiges que l’on retrouve notamment dans le secteur du Rio Vero mais aussi de la Peonera ou du Mascun: ancienne terrasse de culture sur berges, chemin escarpé à flancs de falaises (les fajas), moulin, grottes rupestres et ermitages. Les canyons et ses berges comme autant de ressources et atouts naturels : de l’eau en quantité et riche en poissons, du bois, des terres fertiles, des abris naturels, des sites de retraites et de recueillement spirituel. C’est  seulement à la fin du 19 ème siècle que les hommes commencent à réellement explorer certains canyons dans un esprit de découverte et d’aventure, d’abord en France sous l’impulsion de spéléologues comme le célèbre Jacques Martel. En Sierra de Guara c’est Lucien Briet, explorateur, aventurier, photographe, écrivain et conférencier français qui va entamer à partir de la fin du 19ème siècle une exploration méthodique de la Sierra de Guara. Les nombreuses photos qu’il ramènera sont les premiers témoignages de ces canyons uniques. 

A partir des années 1950 Pierre Minvielle pousse plus loin l’exploration en parcourant de façon intégrale les Estrechos de Balces (remontée en 1956), les Oscuros du Mascun grâce à des techniques de spéléologie (remontée du canyon à l’aide de mats télescopiques en 1956) ainsi que le Rio Vero intégral en 1966.

 

Un autre grand précurseur du canyoning est Christian Abadi, premier français à avoir une maison à Rodellar en 1963 et qui entame alors une longue période d’exploration et d’ouvertures de canyon : La Peonera en 1966, les Oscuros de Balces en 1977, le Gorgonchon en 1983, le Barranco Raisen en 1984, et bien d’autres : « Lorsque nous avons débarqué ici il n’y avait pas de route et la Sierra de Guara avait perdu presque toutes ses activités humaines. C’était le territoire des vautours et pour nous le démarrage d’incroyables explorations…nous n’avions pas de combinaison néoprène et l’eau était souvent glacée… » C.Abadie

 

Le club Pena Guara réalise la première du Formiga en 1971 et le Mascun intégral en 1974 tandis que des jeunes spéléologues de Huesca descendent le Gorgas Negras en 1971.

De nombreux autres aventuriers précurseurs vont dans les années 70 et 80 se lancer à l’exploration des nombreux canyons de la Sierra de Guara, on peut citer Patrick Gimat qui va grandement contribuer à la notoriété de la Sierra de Guara au travers de ses topos guides « Descente de canyons dans le haut Aragon » (en collaboration avec J-P Pontrué) puis « Canyonisme, La Sierra de Guara » Enrique Salamero va également accomplir une immense tâche de reconnaissances et d’inventaires compilés dans le très complet guide topo espagnol « Guia de Barrancos de la Sierra de Guara. » D’autres personnalités vont marquer profondément l’histoire du canyoning en Sierra de Guara : Jacky Feugas, J-P Pontrué, Bitrian, Albas, Ramon, Nogues, Santolaria, Goni, Palacin et bien d’autres…

Ce n’est qu’à partir des années 1980 que le canyoning va s’ouvrir peu à peu au grand public,  l’histoire touristique de la Sierra de Guara commence alors !

 

C’est donc précisément ici, dans ces fameux canyons et barrancos Aragonais, et au travers de toutes ses aventureuses explorations qu’est né le canyoning. Et même si les techniques et le matériel ont énormément évolué les canyons et les paysages naturels sont restés inchangés. 

Pratiquer le canyoning en Sierra de Guara, ce berceau de l’activité en Europe et dans le monde, permet de marcher sur les traces de ces explorateurs des temps modernes épris d’aventures, de découvertes et de liberté.